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“Habiter la ville, c’est s’y déplacer” *

…il ne faut pas réduire les transports en commun, dans une ville, à des instruments techniques facilitant les déplacements des habitants de la ville. C’est plus compliqué que cela…

nous dit Bernard Lamizet dans un texte publié ce mois-ci sur l’agora de Marsactu *. J’ouvre mon propos avec cette citation car même si vous venez naturellement  chercher ici des informations sur les moyens de transport depuis et vers Euroméditerranée — et que je vais bien sûr vous en donner — il est utile de prendre un peu de hauteur sur la question.

Dans mon dernier billet j’invitai les nouveaux habitants d’Euromed à explorer leur environnement au-delà des frontières de leur futur chez eux. En dehors des déplacements “obligatoires”, pourquoi est-ce important ? Parce que “habiter une ville,” nous dit B. Lamizet “c’est s’en approprier l’espace, par les pratiques sociales auxquelles on s’y livre…mais aussi, justement, en s’y déplaçant, en le parcourant, ce qui nous permet, à la fois, de le découvrir et de mieux le connaître, et d’en pratiquer toutes les possibilités, toutes les ressources.”

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© C. Chamarat 2017

A pied d’abord si vous le pouvez, en vélo si vous l’osez, et sinon autant que possible par les transports en commun de la RTM — nombreux sur Euromed, qui organise d’ailleurs des ateliers sur ce sujet. Et n’oubliez pas le bateau, que ce soit pour traverser le Vieux Port sans vous mouiller, ou faire une petite virée vers Les Goudes ou l’Estaque en été après le boulot — et oui 🙂  (liaisons maritimes RTM comprises dans les abonnements), ou un tour au Frioul ou dans les Calanques. Réservez la voiture aux plus longues distances car Marseille est médaille d’argent après Paris pour les embouteillages et les tarifs des parkings y sont prohibitifs. C’est un sujet à lui seul et je vous en reparlerai.

Les réseaux de transports en commun, poursuit B. Lamizet “sont, en quelque sorte, le squelette social de la ville, car, à la différence des déplacements en véhicules particuliers, ils ont une forme de permanence.” Et puis on n’y est “pas seul, mais on rencontre les autres. Alors que l’on est enfermé dans sa voiture particulière sans relation avec les autres.” De fait j’ai rarement fait un trajet en bus, en tram ou en métro à Marseille sans échanger quelques mots, un rire, un sourire, un signe avec quelqu’un, contrairement à Paris où ça n’arrive quasiment qu’en temps de grève. C’est aussi comme cela qu’on a plus vite l’impression de “faire partie” de sa nouvelle ville.

B. Lamizet plaide enfin pour “le sens qu’il importe de faire retrouver aux transports en commun, de fonder ce que l’on peut appeler une citoyenneté urbaine pleinement partagée.” Bon, j’ai entendu pas mal de gens ici déclarer que, amélioration du réseau ou pas, ils préféraient être seuls dans les embouteillages avec leur voiture plutôt que de partager quoique ce soit dans les transports — mais ça c’est une voie sans issue.

lepilote

En pratique, l’information sur les transports est très morcelée. Pour un premier repérage, le site www.lepilote.com est utile, même si l’ergonomie est à revoir (ce ne sont pourtant pas les “techs” qui manquent dans la métropole pour les aider à améliorer tout ça !).

Plan RTM
Régie des Transports de Marseille www.rtm.fr

Côté “front de mer” d’Euromed, deux lignes de Tram (T2 et T3, vert et jaune sur le plan) partent d’Arenc, qui est aussi une gare TER, pour vous emmener respectivement à La Blancarde (autre gare TER et correspondance ligne T1) et à la place Castellane. En métro la ligne M2 (rouge sur le plan) part de Bougainville et traverse jusqu’à Sainte-Marguerite en passant par la gare St Charles (TGV, TER autocars et correspondance ligne M1). Pour poursuivre le développement du projet Euromed, une nouvelle station est également en cours de construction après Bougainville en prolongement de la M2, boulevard du Capitaine Gèze, mais entre ses magnifiques images de synthèse et la réalité… voilà encore un projet de transports marseillais qui a bien du mal à voir le jour…

Retour d’expérience personnel : les réseaux de métro et de tram sont plutôt fiables, mais ceux de bus erratiques. Par ailleurs, si vous prenez un bus qui circule sur des voies non réservées, vous vous retrouverez dans les mêmes bouchons que les automobilistes. Evitez également de trop compter sur les tableaux ou applis d’horaires “en temps réel”, dont la “réalité” est souvent déconnectée de celle des passagers…

* LAMIZET Bernard, dans “Parcourir Marseille”, Marsactu, 3 décembre 2017. Bernard Lamizet est professeur de sciences de l’information et de la communication à Sciences Po Lyon. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages et du blog “Comprendre Marseille” de Marsactu